Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Marie-Pierre RAMOS
8 août 2008

La France des 35 heures est un mythe

La France des 35 h n'est plus qu'un mythe. Bien avant que le gouvernement ne propose de nouvelles dispositions pour vider les lois Aubry de leur contenu, les salariés s'étaient mis au diapason des normes européennes. Selon l'enquête Emploi de l'Insee pour 2007 dont les résultats ont été publiés mercredi 6 août, le temps de travail à temps complet est en moyenne de 41 h. Avec, il est vrai, des écarts considérables.

Dans cette étude fondée sur les réponses de 72 000 personnes interrogées chaque trimestre, les ouvriers déclarent 37,8 h de labeur par semaine et les employés 38,2 h quand, à l'autre bout de l'échelle, les agriculteurs évaluent leur activité à 58,8 h. Les artisans, commerçants et chefs d'entreprise estiment travailler 55 h et les cadres, comme les professions libérales, 44 h.

Ces disparités ne sont pas nouvelles. Le fossé se creuse entre les catégories sociales quant à la perception réelle des 35h. L'étude de l'Insee ne précise pas si cette augmentation réelle du temps de travail s'est accompagnée d'une hausse du pouvoir d'achat, selon le slogan présidentiel du "travailler plus pour gagner plus".

La photographie du marché du travail en 2007 reflète une autre réalité, beaucoup plus inquiétante : celle d'une France à deux vitesses entre les salariés qui occupent un emploi permanent en contrat à durée indéterminée - 19,8 millions de salariés parmi une population active de 27,84 millions de personnes - et les 12% d'entre eux, soit quand même 3,1 millions, en contrat précaire, CDD, stages, apprentissage...

Autre facteur de fragilité sociale : une femme salariée sur trois est employée à temps partiel, en moyenne plus de 23 h par semaine. Cette formule, qui concerne 17% de la population active, relève sans doute d'un choix parmi les employées, notamment dans la fonction publique. Mais un tiers des femmes soumises aux "horaires aménagés", dans le nettoyage, le commerce, les services personnels et domestiques, aimerait travailler davantage. C'est aussi le cas de 41% des jeunes de moins de 25 ans qui ne se satisfont pas des "petits boulots" auxquels ils sont contraints pour entrer dans la vie active.

L'enquête de l'Insee constate la baisse du chômage qui touche encore 2,2 millions de personnes, soit 8% de la population active. Là aussi, cette moyenne révèle d'importantes disparités. Avec un taux de 3,3%, la proportion de cadres sans emploi atteint un chiffre record. Mais le chômage reste massif parmi les ouvriers (9,5%) et surtout les ouvrières (16%), ainsi que les non-diplômés (13,2%).

Le constat est tout aussi inquiétant pour les chômeurs de plus de 50 ans : 60% d'entre eux sont sans emploi depuis plus d'un an et 38% depuis plus de 2 ans. Cette réalité devrait inquiéter le gouvernement, qui souhaite augmenter le taux d'activité des seniors et relever progressivement le seuil de la dispense de recherche d'emploi pour les plus de 57 ans.

Selon l'Insee enfin, plus de 99% des inactifs retraités ou préretraités de moins de 65 ans déclarent ne pas souhaiter travailler, notamment après 60 ans.

Michel Delberghe - Paru dans le Monde du 08.08.08

Publicité
Publicité
Commentaires
Marie-Pierre RAMOS
Publicité
Newsletter
Archives
Marie-Pierre RAMOS
Publicité