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Marie-Pierre RAMOS
8 août 2008

Des fruits et les légumes boudés et bradés

fruits_et_l_gumesLes producteurs de fruits et légumes s’inquiètent. Avec une météo estivale plutôt bonne, leurs produits sont arrivés en quantité sur les étals des marchés et dans les rayons de la grande distribution. Mais la consommation n’est pas au rendez-vous. La loi de l’offre et de la demande a donc sévi : tomates, courgettes, concombres, melons, laitues… ont vu leur prix de vente dégringoler.

L’Interfel (Interprofessionnelle des fruits et légumes frais) parle de "cours inférieurs à la moyenne de ces trois dernières années à la même époque". L’association a ainsi publié des chiffres en début de semaine selon lesquels le prix du melon charentais aurait subi une baisse de 12% par rapport à la période 2005-2007 ; le repli serait de 15,5% pour la courgette, de 14,4% pour les gros artichauts, et de 8% pour le concombre. La tomate ne serait pas épargnée.

"D’un coup". Première responsable : la mauvaise météo du printemps, qui a retardé de presque trois semaines l’arrivée des produits saisonniers sur le marché : "Les volumes sont arrivés en quantité et d’un coup à partir du 14 juillet", explique Christophe Couteleau, commercial chez le producteur de melons le Rouge Gorge. Et qui dit arrivée en masse dit chute des prix. Malgré tout, cette dernière n’a pas réussi à aguicher le client. Des producteurs ont déjà commencé à détruire des stocks de laitue invendus. Ailleurs, ce sont des pommes d’Anjou ou des poireaux primeurs qui sont passés à la moulinette. "On a perdu 20% de chiffre d’affaires sur les tomates et les concombres depuis janvier, estime Angélique Delahaye, présidente de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de légumes). Je pense qu’on va perdre 15% de consommation par rapport à l’an dernier." 

Sur la bouderie des consommateurs, chacun y va de son interprétation : "C’est la sinistrose des Français, estime Angélique Delahaye. Dans l’inconscient collectif, il y a l’idée, fausse, que les fruits et légumes sont chers et celle du manque de pouvoir d’achat". Pour d’autres, c’est la faute à la grande distribution et aux marchés de détail : "Depuis trois, quatre ans, la grande distribution fait exploser ses marges", accuse Raymond Girardi, président du Modef (syndicat d’exploitants familiaux) du Lot-et-Garonne. "Je trouve des abricots à 6 ou 7 € le kilo dans les rayons, alors qu’ils sont vendus par la production à 1 € ou 1,30 €… L’écart est insoutenable", s’indigne Pierre Veyrat, de la Confédération paysanne. "On vend à bas prix depuis trois semaines, autour de 80 cents le kilo de melon. En rayon ils ont commencé à baisser seulement la semaine dernière", corrobore un important producteur.

"Pas chez eux". La faute, surtout, au calendrier : "De juillet à septembre, on est en plein pic de production. Mais les populations se déplacent, c’est toujours la période la plus difficile", convient Bernard Gery, président de la coopérative maraîchère ValNantais. "Les gens fréquentent moins les rayons et, quand ils ne sont pas chez eux, ils mangent moins de légumes, confirme Angélique Delahaye. Par ailleurs l’activité de la restauration collective est quasiment arrêtée. Ça représente un gros manque, notamment pour des légumes tel le concombre."

Au-delà du simple phénomène conjoncturel, certains voient pointer une crise profonde de la production française. "Ce sont des marchés qui diminuent d’année en année", se décourage Bernard Gery pour qui la faiblesse de la consommation est symptomatique "des sociétés urbaines" : "Si vous dites à un jeune que les artichauts poussent dans les arbres, il vous croira", raille-t-il, désabusé.

JULIA PASCUAL - Libération

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