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Marie-Pierre RAMOS
5 mars 2009

On n'a pas encore atteint le point dur de la crise

photo_0302_459_306_25449Didier Migaud, député (PS) de l'Isère, préside la commission des Finances des l'Assemblée. Il décrypte à la fois la communication de l'exécutif et livre ses propositions de relance.

Chaque jour qui passe ou presque réserve une nouvelle déclaration par rapport à la conjoncture. Christine Lagarde a commencé le travail hier, François Fillon l'a poursuivi aujourd'hui, pour décrire une année 2009 catastrophique. La communication gouvernementale est-elle juste cahotique ou finement calculée ?

Nous sommes effectivement dans de la communication. Mais l'information est tardive par rapport à la réalité. Cela fait longtemps que l'on sait que les hypothèses de croissance pour 2009 entre 0,2 et 0,5% étaient totalement caduques. Car cette communication même tardive reste encore bien en-dessous de la réalité. Je peux comprendre qu'un gouvernement veuille rester optimiste et volontariste, mais la politique de communication dans d'autres pays correspond davantage à la réalité. Et on n'y constate pas tous ces retards dans les annonces.

On remarque aussi que le président Sarkozy ne se fait que très rarement le messager des mauvaises nouvelles, en laissant le soin à ses lieutenants. Cette répartition des rôles est-elle classique en matière de communication gouvernementale de crise ?

Cela peut être un partage des rôles calculé, mais cela peut aussi traduire des divergences entre le gouvernement et le chef de l'Etat. Le Premier ministre étant plus soucieux de l'explosion des déficits publics que le Président lui-même.

Mais ces annonces à répétition ne brouillent-elles pas finalement le message ?

Je pense que ce n'est pas une bonne tactique pour l'opinion. Mais c'est le tempérament du Président de s'exprimer au quotidien pour affirmer sa volonté d'agir. Mais les gens n'attendent pas forcément une communication au quotidien. Là, on donne plus l'impression de subir que d'agir. Du reste, on le voit, les attentes des Français restent fortes.

Comment agiriez-vous ?

Je crois que c'est à nous, politiques, de faire en sorte d'apporter des réponses à nos concitoyens. Il y a un décalage dans la communication du gouvernement entre la gravité de la crise et la certaine faiblesse des mesures proposées en France par rapport à ce qui se passe dans d'autres pays: en Allemagne, aux Etats-Unis...

C'est-à-dire que le gouvernement infantilise quelque peu les Français en choisissant de ne pas leur dévoiler la réalité telle qu'elle est, ou sera?

Le discours du Président à Toulon sur la crise, les propos qu'il tient sur la nécessité de lutter contre les paradis fiscaux sont des déclarations fortes, mais elles sont quelque peu en décalage par rapport aux actes qui ne suivent pas. C'est un gros risque, qui peut agraver le sentiment des Français d'une certaine impuissance. Et l'énergie, seule, ne suffit pas. Il faut aussi des actes: l'indemnisation du chômage, la rémunération du travail à temps partiel, la durée du chômage... Là, ce que propose le gouvernement, comme la mesure sur les impôts sur le revenu, ce ne sont que des demi-mesures.

Que diriez-vous aux Français ?

Que c'est une crise d'une gravité extrême, dont on n'a pas encore vu le point le plus dur. Il faut donc conserver son sang froid et prendre des mesures fortes, efficaces, justes. Les Français peuvent tout à fait entendre que telle mesure n'est pas possible, et qu'il faut faire des efforts. Mais il faut que ces efforts soient partagés. Là, avec le bouclier fical, le contenu des mesures fiscales — y compris les heures supplémentaires, mesure coûteuse au regard de son efficacité et qui, en plus, détruit de l'emploi — on dépense sans pertinence, de façon très injuste et sans efficacité réelle. C'est un luxe inconcevable en période de crise.

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