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Marie-Pierre RAMOS
11 décembre 2008

Ces centristes qui font tanguer Aubry

Paris, elle ne veut pas entendre parler du MoDem. A Lille, c'est la lune de miel. Retour sur image

Martine Aubry sait surprendre. Samedi dernier, la nouvelle première secrétaire du PS reçoit pour la deuxième fois Ségolène Royal et ses principaux lieutenants. La ligne politique, voilà ce qui importe, explique-t-elle en substance à ses visiteurs, avant d annoncer l'élaboration d un texte d'orientation qui condamnera toute alliance du PS avec le MoDem. A ce moment, Vincent Peillon ne peut pas s'empêcher de lâcher : "Alors il va falloir dénoncer tous les accords locaux avec le MoDem ? Et toi, que vas-tu faire à Lille ?"
A l'occasion du récent congrès du PS, Martine Aubry a réussi un exploit digne des meilleurs dialecticiens : apparaître à Paris comme la championne de l'ancrage à gauche, alors qu'elle gouverne avec le centre et... une partie de la droite à Lille et dans la communauté urbaine. Dans l'exercice de la main tendue au MoDem, Martine Aubry a été plus loin, localement, que Ségolène Royal, nationalement. Entre les deux tours de la présidentielle, la candidate socialiste a improvisé un rapprochement avec un François Bayrou qu'elle classait jusque-là obstinément à droite. A Lille, Martine Aubry a mûri son alliance avec le MoDem : "On a commencé à en discuter quelques mois auparavant", reconnaît Olivier Henno, patron de la fédération MoDem du Nord. "Il n'est pas anormal que des gens qui partagent des valeurs humanistes puissent se retrouver, je suis ouverte", déclarait Aubry au "Nouvel Observateur" avant l'élection.

Le soir du premier tour, un allié "naturel" du PS lillois, Eric Quiquet, le leader local des Verts, conteste l'utilité de cette alliance au centre : la gauche est largement majoritaire dans la ville. Aubry lui rétorque que cette alliance est nécessaire au niveau de la communauté urbaine. Pour la maire sortante de Lille, le vrai challenge est le gain de la présidence de cette communauté, jusque-là détenue par Pierre Mauroy. Pour lui succéder, Aubry a peaufiné son dispositif : un accord avec le MoDem mais aussi avec un collectif d'élus sans étiquette regroupés sous la bannière "Lille Métropole". Ce collectif compte aujourd'hui deux premiers vice-présidents, dont Henri Ségard, par ailleurs membre du groupe UMP au conseil régional du Nord- Pas-de-Calais.
Tout au long de la campagne interne du PS, Bertrand Delanoë a expliqué à voix basse que la dérive des socialistes du Nord était beaucoup plus grave : à l'entendre, il y aurait eu un accord de désistement réciproque aux élections cantonales de 2008 entre le PS et le MoDem. En l'occurrence, le maire de Paris forçait le trait. Arrivé en tête dans le canton de Lille-Ouest, le candidat centriste a eu la bonne surprise de voir la candidate socialiste se retirer. "Je n'avais rien demandé", jure aujourd'hui Olivier Henno qui a su à l'époque renvoyer l'ascenseur : le MoDem a appelé à voter socialiste dans les autres cantons.
Martine Aubry justifie ces bonnes manières par le fait que le MoDem du Nord est très antisarkozyste. Ce qui est exact. Elle ajoute qu'elle a commencé par rassembler la gauche : exact à nouveau, mais Ségolène Royal prône-t-elle autre chose ? Tant Jacques Richir, adjoint MoDem à la mairie, qu'Olivier Henno, premier vice-président MoDem à la communauté urbaine, vantent le sens du travail en équipe et la capacité à trancher de la maire de Lille. Dans ces conditions, ses philippiques parisiennes contre le MoDem apparaissent singulières : vérité au-delà de la Deûle (la rivière lilloise), erreur en deçà ?

Hervé Algalarrondo - Le Nouvel Obs

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