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Marie-Pierre RAMOS
8 décembre 2008

Edito : Les deux roses

rose_petalesLe Parti socialiste souffrait, depuis des années, d'un triple manque : de leader capable de s'imposer en candidat incontesté lors de l'élection présidentielle ; d'idées susceptibles de convaincre les Français que les socialistes proposent une alternative convaincante à la droite ; d'alliances indispensables pour l'emporter dans les scrutins nationaux majeurs.

Au terme de six mois de bataille intense - avant, pendant et après le congrès de Reims -, les socialistes ont-ils trouvé le remède à leurs maux ? Pour l'heure, il est permis d'en douter. Certes, ils ont fini par accoucher d'une direction qui témoigne d'un réel renouvellement. Qui aurait pronostiqué, au début de l'été, que Martine Aubry en serait la première secrétaire, Benoît Hamon le porte-parole, que près des deux tiers de ses membres seraient des nouveaux venus rue de Solférino, dont une bonne proportion de jeunes de moins de 40 ans ?

Mais cette équipe hétéroclite va devoir gérer la minorité, pour ne pas dire l'opposition, puissante et revancharde des partisans de Ségolène Royal. La "guerre des deux roses" n'est pas une nouveauté : les affrontements passés entre François Mitterrand et Michel Rocard, puis entre Lionel Jospin et Laurent Fabius n'étaient pas moins rugueux. Ils avaient fini, à chaque fois, par trouver un vainqueur incontesté. Nous n'en sommes pas là, à l'évidence.

Quant aux idées et aux alliances, le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne traduisent pas - encore ? - une rénovation en profondeur que bon nombre de socialistes jugent pourtant indispensable. Le "socialisme de gouvernement clairement ancré à gauche", selon la définition de Mme Aubry, comme la gauche plurielle "rose, rouge et verte" qu'elle appelle de ses voeux fleurent bon les années 1990.

Deux tests décisifs attendent Martine Aubry : d'une part, les élections européennes de juin 2009, où elle devra trouver une synthèse improbable entre pro- et anti-européens de sa majorité ; d'autre part, les élections régionales du printemps 2010, où se reposera concrètement la question des alliances, y compris avec le Modem de François Bayrou. D'ici là, gageons que la guerre des roses continuera de faire rage. Pour le pire, ou le meilleur.

Article paru dans l'édition du 09.12.08.du Monde

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