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Marie-Pierre RAMOS
3 novembre 2008

"Le PS doit changer"

GerminalGERMINAL PEIRO. Partisan de la motion Hamon-Emmanuelli au congrès de Reims, le député socialiste du Sarladais n'est pas tendre avec la ligne officielle du PS. Interview pour Sud Ouest.

«Sud Ouest». Vous défendez une motion très à gauche en vue du congrès qui a lieu la semaine prochaine à Reims. Pensez-vous qu'il soit possible d'infléchir la ligne officielle du PS ?

Germinal Peiro. Je l'espère. Les questions de fond qui se posent aujourd'hui interpellent non seulement les socialistes mais aussi l'ensemble des citoyens. Les ouvriers dont les entreprises délocalisent ou les agriculteurs ruinés ont besoin d'autres réponses que celles des libéraux.

La crise financière internationale, c'est finalement une opportunité pour vous ?

Il est un fait que s'il n'y avait pas cette crise, les débats du congrès n'auraient pas forcément tourné autour de l'économie comme c'est le cas aujourd'hui. On aurait fait une nouvelle fois l'impasse sur les problèmes de fond. Au PS, cela fait des années qu'on nous raconte que le marché est indépassable, qu'on ne peut strictement rien faire et qu'il faut juste mettre quelques emplâtres sociaux sur une jambe de bois. Ça ne peut pas être le seul idéal des socialistes.

Quand Nicolas Sarkozy dit qu'il faut réformer le système mondial, vous ne le croyez pas sincère ?

Pas une seule seconde ! Je sais très bien ce qu'il est en train de faire. Il renfloue les banquiers avec l'argent des contribuables, sans aucune contrepartie, et il laissera le système reprendre son fonctionnement d'avant. Ce n'est pas parce qu'il donne des coups de menton en demandant aux préfets de donner des ordres aux banquiers que ça changera quoi que ce soit ! Tout ceci est pathétique.

Que faut-il faire, selon vous, pour relancer l'économie et l'emploi ?

Quand on encourage les heures supplémentaires alors que l'activité est en baisse, c'est comme si on luttait contre l'emploi. Face à la crise actuelle, l'État doit lancer un grand plan d'investissements publics, d'autant que les Départements et les Communes ont de moins en moins de marge de manoeuvre. L'État, lui, peut emprunter beaucoup plus facilement pour soutenir l'activité.

Le PS n'est-il pas définitivement social-démocrate ?

Ce que j'espère, c'est justement que la social-démocratie évolue. Elle est dans un état catastrophique dans toute l'Europe, après avoir perdu quatorze élections sur seize depuis deux ans. L'échec est patent. Pourtant, ce n'est pas un échec social car on voit bien que, sur ce plan, la gauche et la droite, ça ne sera jamais pareil. C'est sur le plan économique qu'il y a un problème car le Parti socialiste a épousé les thèses du libéralisme. La réalité, c'est qu'on a davantage privatisé sous Jospin que sous les deux gouvernements de droite qui l'ont précédé. On a accepté la libéralisation des services publics et on en paie aujourd'hui les conséquences. Le PS doit changer. Les socialistes ont vécu pendant deux décennies en étant persuadés qu'il n'y avait rien à faire. Nous, nous disons que la théorie du libre-échange à tout prix, c'est une folie !

Ce discours a-t-il une chance d'être adopté par les autres partis socialistes européens ?

C'est là une grande difficulté. Quand on voit que Pascal Lamy, qui est membre du Parti socialiste et dirige l'Organisation mondiale du commerce, pousse l'Europe, qui est plus libérale que les États-Unis, à continuer les dérégulations, à abattre les barrières douanières et à participer à la mise en oeuvre d'un grand marché mondial sans aucune frontière, on voit bien qu'on court à la catastrophe. Il faut quand même expliquer aux gens pourquoi les éleveurs laitiers sont aujourd'hui dans la panade. Sous prétexte de libre concurrence, on leur a interdit de fixer les prix en accord avec l'industrie agroalimentaire. Résultat, ces prix font le yo-yo et les gens sont ruinés. Malheureusement, il y a une partie de la direction du PS qui n'entend pas les Français. Mais ça, on le savait depuis un moment.

Quelle motion arrivera en tête, selon vous ?

Il y a peu de chances qu'une motion ait la majorité à elle seule. Il va bien falloir faire des compromis. Or, à tous les congrès, on nous fait le coup de la stabilité, de la continuité. Eh bien je confirme qu'il y a des gens, au PS, qui n'ont pas envie que le clan Jospin continue de diriger le parti !

Propos recueillis par Jérôme Glaize

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