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Marie-Pierre RAMOS
2 juillet 2008

Un avant-congrès dominé par le calcul tactique

Difficile, à la lecture des principales contributions qui seront déposées devant le Conseil national, de savoir si le congrès de Reims, en novembre, sera bien celui de la "rénovation" du Parti socialiste. Introduites pour la première fois au congrès de Metz, en 1979, les contributions ont pour fonction d'ouvrir le débat, alors que les motions, soumises au vote des militants, servent à le clore et à sceller des alliances. Or aucune grande confrontation de fond ni aucun rapport de force idéologique ne semble poindre à l'horizon socialiste. Ce constat n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour le PS.

Les convergences sur la réforme de l'Etat-providence, la fiscalité ou la défense de l'environnement confirment que, hormis une minorité située sur son aile gauche, le premier parti d'opposition se retrouve sur la même volonté de moderniser les règles du jeu économique et social pour les rendre plus équitables et efficaces. Bref, l'heure est à un réformisme social-démocrate assumé.

Dommage qu'en dépit du caractère parfois innovant de certaines propositions, cette orientation manque singulièrement de contenu. Les socialistes ont-ils des choses nouvelles à dire sur la flexi-sécurité, la réforme de l'assurance-maladie, l'inadaptation du système éducatif, la relance européenne, la politique énergétique ou l'immigration ? Leur volumineuse et consensuelle littérature d'avant-congrès ne permet pas de le savoir. Faute d'avoir tranché un certain nombre de questions difficiles et d'avoir travaillé, le PS doit constater que sa "boîte à outils" est passablement lacunaire.

La prégnance de la dimension tactique - qui finira par s'allier avec qui ? - pèse tout autant sur le kaléidoscope de cet avant-congrès. Les signataires de chaque contribution, conscients qu'ils ne pourront à eux seuls faire une majorité, ne veulent pas compromettre de futurs rapprochements. C'est ainsi que les principaux candidats à la succession de François Hollande ont préféré éluder la question de l'organisation de primaires parmi les sympathisants pour désigner le candidat socialiste de 2012.

Un sujet qui porte en germe le débat, ô combien sensible, de la conception du parti. Il faut pourtant se méfier de l'eau qui dort. Depuis le congrès de Rennes, en 1990, on sait que les socialistes français sont passés maîtres dans l'art de s'inventer des divergences pour justifier les affrontements de personnes.

Dans le Monde du 3 juillet 2008 - Jean-Michel Normand

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