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Marie-Pierre RAMOS
27 juin 2008

Le PS peut-il se passer de François Hollande ? par Patrick Jarreau

remier secrétaire du PS depuis onze ans, François Hollande a annoncé, dès le lendemain de l'élection présidentielle de 2007, sa décision de ne pas être candidat à cette fonction au congrès suivant. Mais on pouvait penser qu'il resterait le maître du parti parce qu'aucune majorité ne parviendrait à se constituer sans lui. Or ce qui se passe maintenant fait entrevoir l'hypothèse d'une coalition se formant contre lui.

Beaucoup lui est reproché. Il est considéré comme responsable de l'impréparation du Parti socialiste lors de la présidentielle de 2007. Le parti n'avait pas de projet cohérent et crédible. La candidate socialiste a fait campagne en contournant le PS, parce que celui-ci la gênait pour développer un programme capable de convaincre une majorité d'électeurs. François Hollande est tenu pour responsable, à la fois, de la candidature de Ségolène Royal et de l'échec de sa campagne. "A force d'écarter tout le monde pour qu'il ne reste que lui, il est resté Ségolène Royal. Voilà toute l'histoire", résume Bertrand Delanoë dans son livre d'entretiens avec Laurent Joffrin, De l'audace ! (Robert Laffont, 290 p., 20 euros). Si elle a échoué, c'est à cause de ses propres erreurs, sans doute, mais aussi parce que les relations entre le parti et son principal dirigeant, d'un côté, la candidate et son équipe, de l'autre, étaient exécrables.

La victoire du non au référendum sur le traité constitutionnel européen, en 2005, avait déjà été inscrite au passif du premier secrétaire, parce qu'elle était en partie la conséquence de l'impasse dans laquelle, en affirmant son ambition présidentielle, il avait enfermé Laurent Fabius. Menacé d'asphyxie, celui-ci s'était donné de l'oxygène en prenant position contre le traité et en faisant campagne pour son rejet, qui devint ainsi une défaite pour François Hollande en même temps que pour Jacques Chirac.

La force de M. Hollande, c'est d'avoir maintenu ensemble les fractions d'un parti divisé. Il a joué, pour cela, du fait présidentiel créé par l'élection directe du premier secrétaire. Populaire chez les militants, il pouvait tenir la dragée haute aux chefs de courant, alors qu'il n'avait pas de courant, et précisément parce qu'il n'en avait pas.

Son procédé favori était le couple division-synthèse, succession d'une diastole éparpillant les courants, suivie d'une systole qui les rassemblait, bien obligés, autour de sa personne. La multiplication des contributions publiées, ces jours-ci, par les célébrités du parti incite furieusement à soupçonner que cette méthode donne une nouvelle preuve de son efficacité. La division cellulaire fonctionne à plein. Le PS semble acclimater chez lui la vieille blague selon laquelle deux trotskistes font un parti, trois trotskistes une scission.

Une réaction en chaîne opère sous nos yeux : "Ségolène se lance" entraîne "En avant, Bertrand !", qui déclenche "Non à l'affrontement des présidentiables !", qui débouche sur "l'union de ceux qui attendent leur heure" (Moscovici, Cambadélis, Montebourg), avec l'onction des parrains empêchés (Fabius, Strauss-Kahn), qui ouvre la route au "retour de Martine", qui provoque le regroupement apeuré d'autres grands élus territoriaux (Collomb, Guérini, Feltesse). Du beau travail, du Hollande de chez Hollande.

Sauf que, cette fois, la phase deux, celle du rassemblement, pourrait faire émerger un synthétiseur ou une synthétiseuse qui ne lui devrait rien. "Vivre ensemble sans François Hollande" deviendrait un argument pour le (la) candidat(e) à sa succession. Du coup, le premier secrétaire fait signer sa contribution par ses partisans. Comme un vulgaire chef de courant.

http://www.fhollande.org/

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