Voeux à la presse de Nicolas Sarkozy - Réaction de Patrick Bloche pour le PS
En présentant ce matin
ses vœux à la presse, Nicolas SARKOZY a rendu ses arbitrages à l'issue
des États généraux de la presse, mettant de fait les journalistes
en chômage technique puisqu'il a ainsi échappé à leurs traditionnelles
questions.
Force est de constater
que les réponses ne sont pas à la hauteur de la grave crise que traverse
la presse écrite dans notre pays. Alors que 2009 est annoncé comme
une année noire pour la presse française et que les plans sociaux
se multiplient, Nicolas SARKOZY s'est même payé le luxe de ne jamais
évoquer, en une heure de discours, les licenciements collectifs qui
touchent un secteur déjà marqué par la précarité. Pour préserver
l'emploi dans ce secteur, il s'en remet visiblement et avant tout à
la générosité des lecteurs ou mécènes dont les dons bénéficieront
de réductions fiscales!
Tout au long de son intervention,
le Président de la République, n'a pas su trouver le nécessaire équilibre
entre ceux qui éditent les journaux et ceux qui les font. Sa fascination
pour les grands groupes de presse et sa sollicitude pour leurs actionnaires,
dont nombre d'entre eux l'ont suivi du Fouquet's à l'Élysée, l'ont
amené systématiquement à privilégier la santé financière des journaux,
leur recapitalisation et même leur rentabilité ! A contrario, rien
de concret et de déterminant - juste une incantation pour le Chef de l'État - en faveur d'une presse libre, pluraliste et indépendante pourtant
préoccupation majeure aujourd'hui des journalistes comme des citoyens.
Sur le portage, Nicolas
SARKOZY n'a pas été avare de propositions catégorielles visant à
satisfaire tout le monde et, par là même, souvent contradictoires.
Il est d'ailleurs à noter que la mesure d'exonération de cotisations
sociales pour les marchands de journaux est temporaire : maigre compensation
alors que le Président de la République annonce une explosion des
points de vente et la nécessité de désormais distribuer les gratuits
dans les kiosques.
Par ailleurs, Nicolas
SARKOZY se méfie tellement du Parlement, qu'il n'a annoncé aucune
réforme législative majeure. Et pourtant, sur deux sujets essentiels
(le droit d'auteur des journalistes à l'ère numérique et la reconnaissance
juridique des équipes rédactionnelles) l'intervention du législateur
est indispensable pour renforcer les droits légitimes des journalistes
à une juste rémunération et à une indépendance éditoriale.
Le Parti socialiste sera
particulièrement vigilant sur le doublement annoncé et attendu de
la communication institutionnelle et sa réorientation vers la presse
écrite. Il ne s'agit pas en effet de confondre grandes causes d'intérêt
national et communication gouvernementale partisane.
Décidément, aujourd'hui Nicolas SARKOZY a manqué de souffle pour présenter le projet ambitieux fédérateur et refondateur qu'attendait toutes celles et tous ceux qui considèrent que les medias et leur indépendance sont un des piliers de notre démocratie.