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Marie-Pierre RAMOS
5 novembre 2008

Réactions à la victoire de Barack Obama

La leçon américaine - Pierre Moscovici

C’est fait, Barack Obama a été, cette nuit, élu Président des États-Unis. Et c’est bien, comme je le prédisais, une "landside victory", puisque l’ex-candidat démocrate a emporté 52% des voix, plus de 334 grands électeurs, qu’il a conservé tous les États démocrates, et triomphé dans les principaux "swing states" - l’Ohio, la Floride, la Virginie – gagnant même l’Indiana et la Caroline du Nord. Il aura une majorité écrasante à la Chambre des représentants – 260 Démocrates contre 175 Républicains environ – et imposante au Sénat – où le parti démocrate devrait flirter avec la barre des 60 sénateurs. Le moment est historique : c’est une leçon que l’Amérique vient de donner au monde. L’anti-américanisme n’est pas, on le sait, une denrée rare. George Bush a été l’incarnation de ce que chacun déteste dans ce pays : l’arrogance, la brutalité, l’affairisme, une forme d’impérialisme. Barack Obama, au contraire, représente tout ce que chacun a envie d’aimer dans le rêve américain. Il est jeune, beau, intelligent, doté de valeurs humanistes. Et puis, il est noir. Il faudra sans doute, demain, oublier cette caractéristique – qui n’a pas rebuté les Américains – pour juger le Président à sa politique. Mais tout de même ! Où, ailleurs qu’aux États-Unis, cette révolution serait-elle possible, qui voit l’élection à la fonction suprême d’un fils de l’Afrique, 40 ans après la période sombre de la ségrégation ? Où, ailleurs qu’aux États-Unis, serait-il possible de voir un homme de 47 ans, qui n’était pas encore Sénateur en 2004, présider aux destinées de son pays ? Pas en France, en tout cas, où la société politique reste, derrière les discours républicains, remarquablement figée. Barack Obama a eu les mots justes pour caractériser ce moment, parlant de l’Amérique comme du "pays où tout est possible", où "le rêve des pères fondateurs est toujours vivant". John McCain – qui a tout de même obtenu 47% des voix – les a trouvés lui aussi, en concédant sa défaite avec une extraordinaire dignité, soulignant "la signification particulière de ce moment historique pour les noirs américains", "la fierté qui doit être la leur", et notant que l’"Amérique d’aujourd’hui est loin de l’intolérance cruelle et abominable de la période de la ségrégation". Formidable leçon démocratique que celle-là ! Il y a mille façons de lire cette élection, mille angles pour s’intéresser à cette campagne, impressionnante par sa capacité de mobilisation, par ses ressources démesurées, et qui a amené un nombre record d’Américains à se rendre aux urnes. Je voudrais, aujourd’hui, souligner ce qui fait, selon moi, la force de la personnalité d’Obama : son calme, sa hauteur de vue, son refus de la petitesse, sa capacité à trouver la bonne distance avec les événements, avec les autres, avec lui-même. Chacun, on s’en doute, voudra le récupérer. Nicolas Sarkozy, comme toujours, sera aux premières loges. Beaucoup de jeunes hommes et femmes politiques, à droite comme à gauche, se rêveront en Obama français. Les motions du PS – certaines d’entre elles en tout cas – se donneront le ridicule d’adresser aux militants qui votent demain un message subliminal : "le changement, c’est nous", "Obama, c’est nous". Je souhaite que chacun, plutôt que de se contenter de slogans faciles, de ressemblances artificielles, regarde vraiment qui est le futur 44e Président des États-Unis. Non, il n’est pas à l’image du Chef de l’UMP, il n’est ni agressif, ni narcissique, il ne divise pas, n’est pas dans la liquidation du modèle social. Non, il n’est pas juste un homme de la nouvelle génération, il n’est pas un gauchiste ou un amateur de promesses sans fond. Barack Obama a gagné la primaire démocrate grâce à son charisme. Il a emporté l’élection, dans la crise, grâce à son sang-froid, sa constance, son ambition réaliste. La ligne directrice de sa campagne a été, qu’on s’en souvienne, "Obama no-drama" - avec Obama pas de drame – et son programme a été celui du changement crédible – "the change we can believe in". Il a voulu, et il voudra demain à la tête des États-Unis, rassembler, rassurer, protéger, émanciper. C’est à cette hauteur politique là, avec sa fraîcheur mais aussi sa maturité, avec son authenticité et son professionnalisme, sa simplicité et sa sophistication, qu’il faut se hisser. J’ai l’intuition que là se situe, après le quinquennat chaotique de Nicolas Sarkozy, la clé d’un succès porteur d’avenir pour la gauche en 2012, afin qu’un(e) Président(e) socialiste puisse travailler main dans la main avec Barack Obama. Cela passe, aussi, par l’engagement européen. Là est aussi, pour moi, la leçon de cette élection américaine. Nous verrons demain quel Président sera Obama. Il n’est pas un Dieu, ni une icône. Son élection suscite de telles attentes que sa politique engendrera, forcément, des déceptions. Il devra gérer les conséquences d’un héritage dramatique. Le monde redécouvrira qu’il y a, dans cette élection, des éléments de rupture, mais aussi de continuité – c’est l’histoire d’une grande Nation qui se poursuit – que Barack Obama sera, d’abord, le défenseur des intérêts américains, même si je suis sûr qu’il sera attentif au monde. Mais pour aujourd’hui, savourons notre plaisir, goûtons cette magnifique leçon.


Communiqué de François HOLLANDE, Premier Secrétaire du Parti Socialiste
Le Parti socialiste salue l’élection si symbolique de Barack OBAMA comme 44e président des États-Unis et appelle l’Amérique à un dialogue nouveau avec l’Europe et le monde. L'élection de Barack OBAMA est une victoire, d'abord, du peuple américain. Il a eu cette audace, ce courage, cette force de choisir, non pas simplement le camp du progrès à travers le Parti démocrate, mais un homme dont chacun connaissait ses origines, ses positions, sa couleur de peau et c'est un choix qui a une résonance au-delà même des États-Unis d'Amérique.
Pour autant, les États-Unis ont les problèmes à régler : crise financière, crise économique, guerre en Irak, et intervention en Afghanistan. L’élection de Barack OBAMA constitue un véritable changement, mais il est le président des États-Unis. Il défendra - et c'est son devoir - les États-Unis d'Amérique et non pas le monde. Le rôle de l'Europe, le rôle de la France, est d'engager un dialogue nouveau avec l'Amérique, de le faire avec le respect qui s'attache à ce qui a été la volonté du peuple américain, avec l'admiration qui peut être vouée à Barack OBAMA, mais aussi avec le sens des intérêts de l’Europe et du monde.

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