Non au délit de solidarité !
Besson affirme que personne n’a jamais été condamné pour «délit de solidarité» en France. Charlie Hebdo prouve le contraire.
Nous demandons l’abrogation de l’article L. 622-1 du CESEDA, qui permet de condamner à cinq ans de prison et 30 000 € d’amende «toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France».
«Besson ment, j’ai été condamné pour délit de solidarité»
Le Gisti vient de publier la liste non exhaustive d’une trentaine de
personnes condamnées pour «délit de solidarité». Charlie hebdo a
retrouvé l’un d’entre eux : Dimitri Pakhomoff, chauffeur de taxi à la
retraite.
Propos recueillis par Sylvie Coma
«Quand le ministre Besson dit que «personne, en France, n’a jamais été
condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un
étranger en situation irrégulière», moi, je peux crier que c’est faux.
Je vais avoir 73 ans, j’ai travaillé pendant quarante-neuf ans et j’ai
été chauffeur de taxi à Calais pendant quinze ans. En 2002, j’ai été
condamné à un an de prison ferme pour avoir simplement exercé mon
métier. Pourquoi ? Je ne le comprends toujours pas.
À cette époque,
les réfugiés étaient massés à Sangatte. À part la compassion que j’ai
eue et que j’ai encore pour ces malheureux, je n’ai rien à me
reprocher. Comme tous mes collègues, j’ai effectivement transporté ces
pauvres gens dans mon taxi. La plupart du temps, ils voulaient aller à
Calais pour faire des courses à l’épicerie. Et parfois aussi pour
prendre le train à la gare. En quoi aurais-je dû les en empêcher ?
Chacun vit sa vie. Étant taxi, je n’avais pas le droit de leur demander
leurs papiers — je ne suis pas de la police ! —, ni de refuser de les
prendre dans ma voiture, sous peine d’être poursuivi pour
discrimination raciale. Et puis, ces personnes n’étaient pas des
prisonniers, c’était des réfugiés. Je les transportais comme des
clients, en leur faisant souvent des prix préférentiels. La misère est
universelle et n’a pas de citoyenneté.»
Le témoignage complet est à lire dans Charlie Hebdo n° 880. Et vous pouvez signer la pétition en ligne sur www.charliehebdo.fr