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Marie-Pierre RAMOS
18 septembre 2008

Les sept plaies de Solférino

Solfe5LE SCEPTICISME. En abandonnant ses oripeaux révolutionnaires pour devenir un parti réformiste, le PS a opéré une clarification nécessaire. Mais il se trouve handicapé : privé de son supplément d'âme, il ne fait plus rêver, ni les Français ni les socialistes eux-mêmes ! A quoi croient-ils ? Que comptent-ils faire ? Faute d'idéal, ils se réfugient dans des programmes catalogues de moins en moins politiques, de plus en plus techniques. La Redoute a remplacé "le Capital". Pas de quoi enthousiasmer !
L'INDIVIDUALISME. Moi d'abord, socialiste après... C'est aujourd'hui l'axiome de base au PS. Chacun fait ce qui lui plaît pour asseoir son pouvoir local ou travailler son image. Les prises de position ne répondent plus qu'à un objectif : est-ce que c'est bon pour moi, au final ? On s'épie, on se guette, on se marque à la culotte. La tactique est devenue un art. C'est aussi une infirmité.
LA PARESSE. Les socialistes travaillent-ils ? Oui, dans leurs villes, leurs régions ou encore à l'Assemblée... Dans leur parti, en revanche, c'est une autre affaire. La production intellectuelle n'est plus valorisée. A quoi bon s'embêter à rédiger un rapport ou à organiser un colloque quand quelques déclarations fracassantes suffisent pour exister ? Résultat, on fait semblant : trois petites demi-journées ont ainsi suffi au PS cette année pour repenser son rapport à la nation, à l'individu et au marché...

L'AUTISME. Les socialistes parlent aux socialistes et pas aux Français. Rejetés dans les urnes aux trois dernières élections présidentielles, le PS semble incapable d'appréhender la réalité sociale du pays. A qui s'adresser ? Au salariat ? Aux couches populaires ? Aux couches moyennes ? Les vieux discours du "front de classe" ne fonctionnent plus dans une société fragmentée. Tous le savent, mais personne n'a encore trouvé par quoi les remplacer.
L'INDISCIPLINE. Où finit le débat, où commence la division ? Les socialistes sont bien incapables d'y répondre. Dans la plupart des organisations démocratiques, c'est le vote qui permet de trancher. Pas au PS, où la liberté de conscience permet de s'affranchir de la délibération collective. Sans grand risque. S'il punit les contrevenants, le PS passe pour un parti sectaire. S'il laisse faire, on fustige son laxisme.
L'IMPUISSANCE. Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, les socialistes sont déboussolés. L'ouverture, les réformes... Ils sont tombés dans presque tous les pièges que leur a tendus le président de la République. Comment s'opposer ? Le dilemme reste entier : les Français leur reprochent à la fois leur mollesse et leur systématisme. Et si le PS prenait le problème à l'envers en commençant par proposer ?
L'IMMOBILISME. Apparatchik un jour, apparatchik toujours ! Le PS peine autant à renouveler ses visages que ses idées. Le cumul des mandats, le vieux précepte mitterrandien des "défaites prometteuses", le poids des ancrages locaux verrouillent le jeu. Tant pis pour les petits nouveaux, tant pis aussi pour la diversité. Les rares jeunes qui grimpent dans l'appareil sont souvent d'anciens collaborateurs parlementaires ou syndicalistes étudiants. Pas toujours les plus aptes à rénover !

Matthieu Croissandeau - Le Nouvel Observateur du 18/09/2008.

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