Le gouvernement accepte une nette hausse des prix du gaz et de l'électricité
Le gouvernement propose une augmentation de 2% du tarif réglementé de l'électricité applicable aux particuliers et de 5% en moyenne pour celui du gaz. La hausse de l'électricité sera plus forte pour les entreprises. Après consultation de la CRE, qui vient d'être saisie pour avis, ces hausses devraient entrer en vigueur dès la mi-août.
Mauvaise nouvelle pour les Français, qui se plaignent de l'érosion du pouvoir d'achat. A la demande des fournisseurs d'énergie, le gouvernement s'est résolu hier à relever les tarifs du gaz et d'électricité. Il propose une augmentation de 2% du tarif réglementé de l'électricité applicable aux particuliers et de 5% en moyenne pour celui du gaz (0,237 centime de plus par kilowattheure). Au total, "l'impact moyen sur la facture d'énergie d'un foyer sera de l'ordre de 5 € par mois", pour un foyer de 4 personnes se chauffant au gaz, précise le ministère de l'Economie.
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) vient d'être saisie pour avis. Elle se réunira le 11 août et fera connaître son avis (purement consultatif) dans la foulée. La hausse des tarifs devrait donc entrer en vigueur dès la mi-août. Par un prélèvement sur leur facture, les usagers vont aussi supporter le coût d'une aide aux foyers les plus modestes, car le gouvernement instaure un tarif de solidarité pour le gaz et renforce le dispositif de tarif social de l'électricité.
L'ex-Gaz de France avait déjà obtenu une hausse de 5,5% de son tarif aux particuliers en avril. Mais il achète la majeure partie de son gaz à un prix indexé sur celui du pétrole et son contrat de service public (en cours de renégociation) prévoit d'ajuster le tarif à ses coûts. Cela sans dépasser le taux d'inflation. Le patron du gazier, Jean-François Cirelli, ne s'était pas privé de souligner qu'un baril durablement supérieur à 140 $ exigerait un relèvement des tarifs et il souhaitait en juillet une augmentation de 9,5%. Il obtient moitié moins mais, après tout, le baril n'a que fort brièvement dépassé les 140 $ et il est aujourd'hui retombé sous les 120 $, au plus bas depuis trois mois. Reste à savoir quels ajustements seront effectués à l'avenir si, comme le pensent nombre d'observateurs, la baisse du baril se confirme et s'amplifie.
Côté électricité, le gouvernement avait les mains plus libres. Le contrat de service public d'EDF n'oblige même pas à un relèvement tarifaire couvrant l'inflation. Néanmoins, c'est le cas, assure Bercy : la hausse couvre bien les 3,5% d'inflation constatés à fin juin sur un an glissant. Car, en sus de l'augmentation de 2% applicable aux particuliers et aux artisans et commerçants, le gouvernement propose 6% de hausse pour les entreprises de taille moyenne et 8% pour les grandes entreprises. Celles-ci représentent 27% de l'électricité vendue par EDF (contre 61% pour les particuliers et les professionnels).
Mais couvrir l'inflation n'est pas tout. Pour le patron d'EDF, Pierre Gadonneix, il faut surtout couvrir les 35 milliards d'euros d'investissements prévus d'ici à 2010. Et le groupe aime à le rappeler : en fait, il n'a eu droit, de fin 2005 à mi-2008, qu'à une hausse tarifaire cumulée de 2,8% pour une inflation de 6,3% sur la période. De 2004 à 2007, les prix de l'électricité aux clients résidentiels ont augmenté de moins de 3% en France et de plus de 20% en Europe. Mais il est vrai que le nucléaire protège l'électricité hexagonale de la flambée du gaz et du pétrole.
Un million de foyers français peuvent déjà bénéficier des tarifs sociaux de l'électricité. Le gouvernement va élargir le dispositif, pour que 2 millions puissent en profiter. Le gouvernement tente d'éteindre la grogne contre l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité. Le projet de relèvement des tarifs réglementés appliqués par EDF et GDF Suez va s'accompagner d'un élargissement à 2 millions de Français des aides apportées aux ménages éprouvant des difficultés à payer leurs factures de chauffage. Depuis 3 ans, une partie de la contribution au service public de l'électricité (CSPE), prélevée sur l'ensemble des factures des Français, servait à apporter aux familles en difficultés un tarif dit de "première nécessité". Environ 650.000 foyers ayant des ressources annuelles inférieures à 460 € par mois voyaient ainsi leur facture réduite de 30% à 50% sur les 100 premiers kilowattheures mensuels.